lundi 2 juillet 2012

Claude Roy..

J'avais envie de re-découvrir la poésie de Claude Roy et j'ai emprunté "Poèmes à pas de loup, 1992-1995" publié aux Editions Gallimard en 1997. J'ai lu ces poèmes avec un sentiment de nostalgie car Claude Roy est mort d'un cancer à 82 ans en 1997. Pour ceux qui ne connaissent pas ce poète-essayiste-écrivain-critique, il faut commencer par son autobiographie en plusieurs tomes : "Permis de séjour", "La fleur du temps", "L'étonnement du voyageur", "Le rivage des jours", "Les rencontres des jours", "Chemins croisés". Ces "livres de bord" démarrent en 1977  et s'arrêtent à sa mort. J'ai vérifié dans Wikipédia des éléments de sa vie : sa jeunesse hasardeuse en politique (tentation ultra-droitiste puis communiste), ses nombreuses facettes littéraires (journalisme, poésie, critique d'art, de littérature, livres pour enfants, théâtre, romans, etc.), sa sagesse légendaire à la fin de sa vie. Cet homme éclectique, polyvalent en littérature mérite d'être mis à l'honneur dans ce blog. C'est un écrivain injustement oublié et souvent considéré comme "mineur" aux yeux des universitaires et des critiques parisiens.  Je ne résiste pas à recopier un poème qu'il a composé sur cette ville que j'aime tant : Venise.
"Les bruits des pas sur San Marco
Donnez-moi seulement le claquement sec
des hauts talons des jeunes filles
sur les dalles de marbre
et les voix de deux passants la nuit
voix qui ricochent s'éloignant d'écho en écho
Donnez-moi le clapotis de l'eau sur les quais
déchiré soudain par le rugissement
d'une barge qui accélère dans le rio
Le moteur du canot tape de l'avant
dans le jaillissement des eaux
Donnez-moi le choc sourd du vaporetto
accostant en cognant au ponton
et la guirlande claire des cloches
qui tressent trois notes dans le ciel transparent
Donnez-moi seulement
le silence d'un chat gris
qui dort sur un puits de pierre blanche
au coeur d'une cour à l'ombre
et peut-être
dans les ricochets des souvenirs
et des jours avec toi
dans le labyrinthe heureux
j'inventerai l'ininventable
Venise"

Claude Roy dans un langage simple réussit à traduire le charme incomparable de Venise...

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